Un garagiste de Draveil vit un « cauchemar » après une usurpation d'identité

Le garage estampillé « Point S » garde ses portes fermées depuis hier, lundi 10 octobre pour une bonne raison : le commerce a été mis en liquidation.

9 novembre 2022 à 12h04

EVASION

« L'année qui vient de s'écouler a été un cauchemar » pour moi, soupire Giovani Prosper, gérant de l'établissement Draveil Echappement, situé au 6 avenue de l'Europe. Sauf que le garage estampillé « Point S » garde ses portes fermées depuis hier, lundi 10 octobre pour une bonne raison : le commerce a été mis en liquidation. La « seule solution » pour échapper à une escroquerie, précise Giovani Prosper, la mort dans l'âme.


Jusqu'à 10 amendes par jour

Tout a commencé il y a un an et demi, en juillet 2021. À l'époque, quelques amendes arrivent par courrier à Draveil Echappement. Les contraventions concernent des mauvais stationnements ou des feux rouges grillés. Problème : les véhicules sont achetés au nom de la société par de personnes qui n'en font pas partie. L'entreprise essonnienne subit une usurpation d'identité. Puis la situation s'envenime : les amendes sont de plus en plus nombreuses à parvenir dans la boîte aux lettres de l'établissement, à un rythme de 10 quotidiennement.


Des contraventions venues de plusieurs pays

À ce jour, Giovani Prosper dénombre le chiffre étourdissant de 5.600 amendes reçues par Draveil Echappement pour un montant total avoisinant les 100.000 euros. En juin 2022, l'entrepreneur se rend au centre national de traitement des amendes à Rennes, avec deux valises remplies de contraventions. « Et là, on me dit qu'on ne peut rien faire pour moi, il faut que je paie avant », raconte-t-il. Le garagiste finit par être appelé par des commissariat du nord et du sud de la France pour des délits de fuite. Les amendes pleuvent et proviennent même d'autres pays : Allemagne, Italie, Suisse et même... le Vatican ! À ce moment il n'a qu'une crainte : qu'un escroc commette le pire avec un véhicule faussement lié à son entreprise.


Une escroquerie liée aux voitures d'occasion

Comment en est-on arrivé là ? La situation a été favorisée par l'explosion du commerce de voitures d'occasion ces dernières années. Des véhicules ont été achetés en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d'Oise et les Bouches-du-Rhône par des personnes indiquant les coordonnées de l'entreprise essonnienne. Giovani Prosper pense qu'un jour, en réceptionnant un colis, il a dû tamponner le bon de livraison avec le tampon de son entreprise, sur lequel figurait le Siret (un numéro d'identification). Et c'est ce tampon qui aurait été utilisé par des faussaires.


Le fonds de commerce réduit à néant

À présent, Draveil Echappement est passé en liquidation et son gérant évoque 400.000 euros de fonds de commerce réduits à néant. « Ce n'est pas normal que la seule solution évoquée par les policiers lorsque j'ai déposé ma plainte a été la liquidation. Cette escroquerie pourrait arriver à n'importe quelle entreprise », prévient le garagiste. À présent, Draveil Echappement va être mis en vente et l'enseigne Midas, qui mène une guerre de territoire avec Point P, pourrait vouloir la racheter « au plus bas prix ». Côté judiciaire, l'affaire est entre les mains du procureur de la République d'Evry. Et lorsqu'on demande à Giovani Prosper ce qu'il attend d'un éventuel dénouement, sa réponse fuse : « Laissez-moi mon garage ! »

 

 

Crédit : Nicolas Chacun – Hélène Virat


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