Dans l'Oise, l'ONF joue la carte du dialogue

L'ONF doit composer avec les habitants et élus de l'Oise qui se soucient aussi du sort des forêts.

20 mars 2023 à 8h41

Arbre
Arbre
Crédit : CC0

La forêt de Thelle serait-elle en danger ? C'est ce que semble penser un habitant de l'ouest du département, Yvan Maupate, qui vient de fonder un collectif intitulé « Les amis de la forêt de Thelle » sur Facebook. L'Oisien dénonce l'état des sous-bois, dégradés après le passage de sociétés d'exploitation forestière. Il évoque pêle-mêle des arbres abîmés, des chemins forestiers non remis en état, des barrières détruites non réparées et des semis non redressés. Plus largement, Yvan Maupate pointe du doigt « la fonte des effectifs de l'Office [ONF] ces 20 dernières années, passant de 12.800 personnes en 2.000 à près de 8.000 actuellement, chargés de gérer les 11 millions d'hectares des forêts publiques ».

 

Un travail d'équilibriste

 

De son côté, le responsable de l'unité territoriale Oise-Ouest-Trois-Forêts (à laquelle est affiliée la forêt de Thelle) de l'ONF tempère. Pour Pierre Bouillon, l'organisme joue les équilibristes entre plusieurs contraintes : l'exploitation forestière, la préservation des sols, l'accès aux promeneurs et enfin le ministère de l'Agriculture, qui exige une gestion multifonctionnelle durable des bois. En forêt de Thelle, la production biologique annuelle permet le prélèvement de 6.000 à 7.000 mètres cubes de bois. « L'exploitation a un impact temporaire », assure Pierre Bouillon. Pour lui, il y a « zéro arbre abattu sans autorisation », et les terrains sont remis en état lorsque « toute la coupe est finie ». Sauf que ces chantiers peuvent durer plusieurs mois. Un délai qui peut sembler long pour les personnes qui se promènent dans les bois.

 

L'ONF, un « souverain » dans le Compiégnois ?

 

Il n'y a pas que dans l'ouest de l'Oise que des voix s'élèvent sur le thème de la gestion forestière. Récemment, le maire de Compiègne Philippe Marini s'est fendu d'un message sur les réseaux sociaux, dans lequel il affirme que « l'Office national des forêts s'est comporté comme s'il était souverain dans son univers, ne se souciant pas suffisamment des relations avec les usagers, les promeneurs, les sportifs, les touristes... ». Avant toutefois de souligner des avancées : « l'association du Pays Compiégnois a pu entrer dans tout un cycle de consultations et d'études sur les transformations de la forêt, ses différents usages, sa mise en valeur [...] ». Un tournant positif, donc.

 

Les élus et associations invités autour de la table

 

C'est ce type d'échanges qui semble être privilégié à présent par l'ONF, qui « s'efforce de trouver les meilleurs compromis possibles entre toutes les attentes exprimées vis-à-vis de la forêt publique » selon Pierre Bouillon. Pour ce dernier, « toutes les attentes ne sont pas forcément convergentes et réalisables simultanément ». Le dialogue a aussi été initié dans l'ouest de l'Oise, avec en début d'année une présentation sur les travaux de préparation du prochain aménagement (2024-2043). Autour de la table se trouvaient les maires des communes situées autour de la forêt de Thelle, l'intercommunalité, mais aussi les représentants des services de l'Etat, et du conseil départemental de l'Oise. Sans oublier des associations comme Picardie Nature, le Conservatoire des espaces naturels, ou encore le conservatoire botanique de Bailleul. Le mot d'ordre de l'Office national des forêts : « écouter, expliquer, prendre en compte ».

 

Une année charnière pour la forêt de Thelle

 

Il faut dire que l'année 2023 est une période charnière pour la forêt domaniale de Thelle. Elle est synonyme de révision pour l'aménagement forestier qui s'est étalé sur la période 2004-2023. L'évolution récente du climat a bousculé les prévisions : les températures actuelles étaient initialement attendues pour la période 2070-2080. L'enjeu est donc de préparer le terrain en prenant en compte les difficultés qui s'accumulent pour les arbres, dans la forêt de Thelle comme ailleurs. Les épicéas sont grignotés par les scolytes, de petits insectes, et des champignons attaquent les frênes. Les hêtres, eux, ont la cime qui sèche. Heureusement, il y a des pistes pour peupler les forêts de l'Oise. Un outil intitulé « Climessences » permet par exemple de choisir les végétaux les mieux adaptés. On sait que les chênes sessiles résistent mieux à la chaleur et à la sécheresse, tout comme le chêne pubescent. Il reste à présent aux différents protagonistes à se mettre au diapason pour préserver le patrimoine arboricole.

 

 

Crédit : Nicolas Chacun


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